19 juillet 2012
La violence des acteurs
armés et de la propagande médiatique s'intensifie à l'encontre de
notre peuple et contre l'action autonome de notre Garde indigène.
Hier l'armé a assassiné de sang froid le villageois Fabian Cuetia à
Caldono et notre site web a été bloqué pour éviter que le pays
prenne connaissance de la vérité.
De nouveau la voix
officielle du régime fait écho aux infamies de la force publique.
Ce matin la une de El Espectador disait : « L'armée dit
que les indigènes ont commis de nombreux délits dans le Cauca »,
texte qui ne dit rien de plus que ce que l'on veut laisser croire.
« Selon le colonel Piraquive, situé dans le hameau de El
Rosario, Siberia, partie de la commune de Caldono, une sentinelle a
interpellé Fabian Cuetia, pour éviter une attaque de la colonne
mobile Jacobo Arenas, mais apparemment cette personne n'a pas compris
et ils ont ouvert le feu causant la mort du paysan. » Ce fait,
qui est le véritable crime, passe inaperçu, tandis que la réaction
autonome de la communauté exigeant justice contre les assassins, est
convertie par l'armée et les médias de masse en séquestration,
agression, et terrorisme.
Ils ont procédé de la
même façon concernant les actions de retrait pacifique de la force
publique, sur la colline El Berlin-Toribio. Les médias de masse ont
fait la promotion de la haine et du racisme à l'encontre de notre
Garde Indigène en disant que nous sommes des sauvages et des
terroristes. L'image du sergent qui pleure, humilié, a ému ceux qui
ignorent la réalité, refusant l'autonomie du peuple Nasa. Comment
est-ce possible qu'on s'indigne quand nous bousculons et expulsons
l'armée de notre territoire et qu'on ne proteste pas quand ceux-ci
assassinent, massacrent, violent et inondent de violence notre pays
pour défendre le régime ? Nous, ça fait des siècles que nous
pleurons notre douleur et humiliation produite par la cupidité qui
se répand sur nos territoires.
A travers les médias de
masse ils nous accusent de guérilleros et ils couvrent amplement
l'expulsion de la force publique, mais ils diffusent très peu nos
actions pour forcer le retrait de la guérilla. S'il vous plaît
cherchez l'information, car il y en a suffisamment, car nous avons
été cohérents avec nos discours et nous somme en train d'expulser
tous les acteurs armés de notre Maison (territoire). Nous sommes en
lutte et nous continuerons de démonter les barrages de la guérilla,
comme nous l'avons fait la semaine dernière à El Tierrero.
S'il vous plaît, Frères
et Sœurs cooptés par la propagande médiatique, ne vous rangez pas
du côté des extraits criminels des médias de masse. Visitez notre
site web www.nasaacin.org
et les autres médias alternatifs pour connaître la réalité. Hier
l'ont fait des milliers de personnes, qui sont venues lire, sentir et
écouter notre parole. Voir en face la réalité, voir que ce que
n'ont pas montré les médias de masse car ils sont au service de la
guerre et leurs intérêts est de désinformer. C'est pour cela
qu'ils sont allés jusqu'à bloquer et hacker notre page internet ,
pour que personne ne puisse se prononcer en faveur de la vérité.
Nos actions continuent de
montrer au monde que les communautés font leur possible pour sortir
l'armée de notre territoire, ainsi que la guérilla des FARC. Hier,
à Toribio, par exemple, nous avons détenu plusieurs guérilleros
qui tentaient de lancer une bombe. Maintenant ils sont sous la
responsabilité des autorités indigènes qui ont une compétence
constitutionnelle pour cela. Le gouverneur Marcos Yule a assuré que
les guérilleros capturés seront soumis à la justice indigène et
que pour l'instant ils vont rester à leur charge. A la question
« pourquoi ne pas rendre les quatre hommes aux autorités »,
le gouverneur Yule a affirmé : « pourquoi s'ils ne sont
même pas capables de les capturer ? ». Cette nouvelle
action autonome contre la guerre est une preuve de plus de la ferme
décision de démilitariser notre territoire de tous les acteurs
armés, d'où qu'ils viennent.
Les seigneurs de la
guerre ont besoins d'armes pour sentir qu'ils sont des hommes et se
faire respecter par la force. Ils font également tout leur possible
pour passer sous silence la voix de la vérité et faire disparaître
les arguments. Notre garde indigène a gagné en légitimité et
respect car elle est empreinte de conscience politique de
transformation sociale pour la défense du territoire de manière
autonome. Nous n'avons pas besoin de faire taire qui que se soit,
seulement de diffuser notre parole de résistance civile pour la
défense de la Terre Mère.
Face à notre sollicitude
de démilitarisation afin de freiner le conflit armé dans le Cauca,
la réponse continue d'être l'intensification de la guerre.
Aujourd'hui, l'ordre du gouvernement est de créer « le
Commando d'ensemble du Sud-ouest formé de 5 milles hommes de
l'Armée, de la Force aérienne et Armée. ». Selon eux ce
commando est une mesure de contrôle de la crise de l'ordre publique
dans le Cauca, mais la réalité que nous prévoyons est une attaque
et l'intensification de la guerre contre notre peuple. D'autre part,
la guérilla des FARC augmente aussi ses troupes sur notre
territoire. Depuis plus d'une semaine ont commencé à arriver de
plus en plus de guérilleros, même dans les zones où ils n'avaient
jamais été. Selon la communauté, qui les a vu dans les montagnes,
ils n'utilisent même pas les brassards et les bottes de caoutchouc
qui les distinguent comme guérilleros. Ils commencent à intensifier
les barrages dans la zone en essayant de contrôler les entrées et
sorties des voitures à Toribio.
« Je ne veux pas
voir un seul indigène dans les bases militaires. C'est l'ordre
depuis hier soir » a exprimé Santos depuis son compte de
twitter. Nous, nous lui disons que nous ne voulons plus voir une
seule multinationale sur notre territoire ni aucun acteur armé. La
guérilla et les miliciens des FARC disent qu'ils défendent le
peuple. Et avec leurs actions violentes ils ne servent pas de
prétexte au régime pour massacrer le peuple ? D'eux aussi
nous exigeons qu'ils respectent notre autonomie et nous laisse
exercer le contrôle territorial dans notre Maison. Qu'ils ne
recrutent plus nos enfants et nos jeunes pour la guerre. Qu'ils
arrêtent de nous tromper et de profiter des innocents. Les policiers
et les soldats se justifient en disant qu'ils sont des héros et
qu'ils défendent la patrie. Parce ce qu'ils savent peut-être qui
est la patrie et de qui ils défendent les intérêts avec leurs
vies ?
Le compagnon indigène
Hugo Blanco, militant historique du Pérou, a écrit une lettre aux
soldats qui ont été envoyés à Cajamarca pour réprimer le peuple
qui lutte contre une multinationale minière à Celendin, où il
explique ce qu'est la patrie. Nous assumons le sens de ce message du
Pérou et nous nous l'approprions comme notre propre parole et nous
disons aux groupes armés :
Frère policier, frère
soldat, frère guérillero :
La Patrie « ce
sont les vertes vallées de Cajamarca, les montagnes de Colombie, les
nevadas du Wallmapu.. Notre Mama Kiwe (Terre Mère), ce sont les
paysans, les indigènes, les noirs, les métisses nés sur nos terres
fertiles et qui travaillent sur elle, ce sont les vertes plantes
sauvages et cultivées, ce sont les animaux sauvages et domestiques
qui vivent de la nutritive végétation. La Patrie ce sont aussi les
enfants qui nécessitent boire une eau propre, non polluée.
La patrie ce sont les
magnifiques lacs qui dorment sur les cimes de nos montagnes. La
Patrie ce sont les plans d'eau et les marais qui alimentent par voies
souterraines les jolis ruisseaux qui jaillissent à différentes
altitudes offrant leur eaux aux enfants, aux femmes et aux hommes des
riches vallées. La Patrie ce sont les rivières limpides qui se
nourrissent de l'eau propre offerte, par voie souterraine, par les
plans d'eau et les marais déjà mentionnés, sur les sommets. La
Patrie ce sont les poissons qui vivent dans ces rivières. »
Nous
vous invitons à vous défaire de la violence et à marcher avec le
peuple colombien pour défendre notre patrie du modèle économique
d'agression globale qui utilise la guerre pour nous exproprier et
nous utilise à nous tous pour que nous nous autodétruisons.
Nous
appelons à résister en tant que civils et à lutter pour une patrie
qui est en train d'être détruite par l'ambition et la cupidité de
quelques uns qui ne savent qu'accumuler du capital. Nous vous
invitons à vous unir à la résistance de notre peuple Nasa qui
lutte et se soulève dignement.
Nous
convoquons tous les colombiens, les étudiants, les professeurs, les
syndicalistes, les organisations sociales et les processus populaires
du pays et du monde, à raviver leurs luttes avec la nôtre, en
parole et en action. Souvenez-vous que les actions de notre
communautés ne sont pas que pour nous, la lutte pour une vie digne
et le respect de la Terre Mère profite à toute la Colombie. Nous
convoquons vos voix, vos pas, votre créativité infinie, afin de,
non seulement diffuser et partager nos initiatives, mais aussi
réaliser des actions dans les universités, dans les rues des villes
et des villages de tout le pays, pour déployer toute votre capacité
et votre volonté pour répercuter cette lutte qui n'est pas
seulement pour le Cauca mais pour toutes et tous.
Tissu de
communication de l'Association de Cabildos Indigènes du Nord du
Cauca - ACIN
tejidocomunicacion@gmail.com
Traduction : solidaritépeuplenasa
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