jeudi 9 août 2012

Photo-reportage : Toribio Cauca, actions de contrôle territorial face a la guérilla 11 juillet 2012

Le 11 juillet dernier, à Toribio, Cauca, suite aux plusieurs jours de combats entre l'armée nationale et la guérilla des FARC, les communautés indigènes, fatiguées de cette guerre et de tous ces civils tués lors des échanges de tirs dans le village, ont décidé de se réunir pour agir et expulser les acteurs armés du territoire. L'armée nationale tout comme la guérilla ne peuvent légitimer leur présence sur le territoire indigène, les communautés indigènes veulent leur autonomie par le biais de leur gouvernement autonome et du contrôle territorial réalisé par la Garde Indigène. Ainsi, différents commissions organisèrent des activités de contrôle territorial, dans le but d'obtenir le retrait des deux groupes armés du territoire Nasa.


A Toribio, la communauté s'est réunie pour s'organiser contre le conflit armé.



 
Tandis que le président Santos descendait de son hélicoptère pour se rendre au conseil de ministres, que les avions et les hélicoptères survolaient la commune de Toribio, que les militaires et la police s'installaient dans chaque maison, la communauté indigène Nasa, mobilisée suite aux affrontements subis depuis plusieurs jours – et depuis des années- se réunissait afin de sigmifier au président et ses troupes qu'ils n'étaient pas les bienvenus sur leur territoire ancestrale. 

 
 
Avec l'arrivée du président Santos, le nombre de soldats et l'intensité de la guerre ont augmenté.



Tournant le dos aux pirouettes stratégiques de Santos, la communauté et les autorités indigènes se sont réunies en Assemblée Permanente et ont décidé de continuer les actions de contrôle du territoire. Que le président reste à discuter avec ses ministres, qu'il continue de déblatérer ses mensonges. Car la communauté continuera de se défendre toute seule, car elle n'a pas besoin qu'on la défende. 


Le président n'a même pas daigné recevoir le peuple Nasa pour écouter sa voix, ses décisions et ses revendications. Il a accepté de recevoir quelques représentants, mais les indigènes ne s'y trompent pas : les Nasa savent depuis longtemps que les négociations avec quelques représentants ne servent qu'à légitimer les actions du gouvernement sans prendre en compte la communauté. « Ici il y a des morts et personne ne fait rien » crient des femmes, « tout ce que nous avons reçu c'est des balles ! »


  Trois commissions se sont formées pour balayer le territoire, dans le but d'expulser les acteurs armés légaux et illégaux de la zone. Pendant qu'une commission grimpait jusqu'à la tour de téléphonie mobile (colline Berlin), une autre descendait en direction de Tierrero, où la guérilla maintenait un barrage de contrôle, à deux kilomètres à peine de Toribio.





 
Barrage de la guérilla sur la route de Toribio.






  
Une chiva (bus) et plusieurs camionnettes remplies de villageois et villageoises, ainsi que des véhicules de presse, sont descendus jusqu'à la rivière dont les berges étaient minées. La Garde Indigène y ramassa plusieurs obus artisanaux que la guérilla avait laissé. Les munitions de la guérilla sont jetées dans de nombreux champs, et si la Garde Indigène ne les détruit pas, ce sont les enfants qui, en jouant au ballon, marchent dessus, perdent la vie et leurs rêves.













 Après avoir nettoyé les rives de la rivière, la commission descendit jusqu'au barrage du 6eme Front des FARC, où quelques guérilleros surveillaient les voitures qui montaient jusqu'à Toribio.

Le gouverneur indigène, avec le soutien de la communauté, a fait part des décisions de l'assemblée au groupe armé. 


Ils exigèrent leur retrait et l'arrêt des tirs dans le village et ses alentours, qui affectent gravement la population civile. La guérilla a accepté de se retirer, sans toutefois prendre en compte la position de la communauté concernant le conflit armé. 

Tejido de Comunicación - ACIN
tejidocomunicacion@gmail.com
 Traduction : solidaritepeuplenasa


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire